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Tout beau, tout bio

Les filières bio se structurent pour répondre à la forte croissance induite par l'entréeen masse des GMS sur le segment en 2016-2017, et le basculement de la demande en oeufs.

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La France aime le bio. Les chiffres le confirment comme l'explique Pascale Hebel, du Credoc, qui intervenait lors de la récente AG de Nutrinoë à Rennes : « La croissance du bio en France a été très rapide ces deux dernières années avec + 17 % en 2017. » Même si les ménages suédois semblent toujours hors d'atteinte avec des dépenses de plus de 270 €/hab/an, la France qui est restée longtemps derrière l'Allemagne et l'Italie, les a toutes deux dépassées l'an dernier, en passant la barre des 125 €/hab/an. La viande et la crèmerie représentent environ 26 % des 7,9 milliards d'euros de dépenses des ménages français en bio, contre 29 % de 4,3 Mds en 2013. Les viandes bio affichaient d'ailleurs encore une croissance de 13 % des ventes l'an dernier. Mais le lait bio, en pénurie au niveau européen (déficit fourrager de 2016), n'a progressé que de 1 % en 2016-2017. Toutefois, l'évolution des conversions redonne des volumes cette année avec une progression de 13,6 % de la collecte sur la dernière campagne.

A noter que l'autonomie française est plutôt élevée en produits animaux bio (99,2 % des oeufs, 93,6 % du lait et des produits laitiers, 94,7 % des viandes fraîches et transformées).

Dans la continuité de 2016, le développement des élevages bio est resté soutenu et concerne l'ensemble des espèces en 2017 : + 18 % en vaches laitières (194 000 têtes), + 19 % en brebis (111 616), + 16,5 % en poulets de chair, + 14,3 % en poules pondeuses, + 14 % en truies. « Avec respectivement 10 % et 9 % des effectifs conduits en bio, les élevages de poules pondeuses et de brebis sont particulièrement engagés en résonance avec une structuration forte de ces filières autour des signes officiels de qualité et d'origine qui incluent notamment le bio, les labels rouges et les appellations d'origine protégées (AOP) », précise l'Agence Bio.

Une croissance ambitieuse

Le plan « Ambition Bio 2022 » présenté à l'issue de grand conseil d'orientation de l'agriculture bio, le 25 juin, affiche d'ailleurs l'objectif issu des Etats généraux de l'alimentation d'atteindre 15 % de la production agricole à l'horizon 2022, soit 6,6 % de la SAU. En considérant les surfaces en conversion fin 2017, les surfaces certifiées bio devraient augmenter plus rapidement dans les prochaines années, de l'ordre de 23 % en 2018 et de 13 % en 2019.

Selon l'Agence Bio, la fabrication d'aliments du bétail bio représente 210 équivalents temps plein (ETP) : « Cette évaluation repose sur les tonnages bio (FranceAgriMer 2016), le prix et le ratio chiffre d'affaires/ETP des fabricants d'aliment du bétail (Esane 2016). »

Les filières fournissant des matières premières bio pour l'alimentation animale sont toutefois très en retard par rapport aux productions pour l'alimentation humaine : 27,39 % des surfaces de légumes secs françaises étaient certifiées ou en conversion en 2017 (+ 60 % par rapport à 2016), contre 3,2 % des céréales (+ 12 % en 2016) et 2,8 % des oléagineux (+ 14 %), ou bien encore, 19,8 % des surfaces en fruits, contre 9,4 % en fourragères. Et la vigilance est de mise car la conversion rebat souvent les cartes, signale l'Agence Bio : « Dans le secteur des grandes cultures, ce passage au bio s'accompagne d'une modification de l'assolement vers des productions à plus forte valeur ajoutée pour l'alimentation humaine. »

De nouveaux tours de vis

La nouvelle réglementation européenne pour l'agriculture bio, adoptée par le Parlement européen en avril 2018, entrera en application en 2021. Les principales évolutions pour la nutrition animale sont le durcissement des conditions pour la dérogation de 5 % de matières premières riches en protéines non bio pour l'alimentation des volailles et des porcs, ainsi que l'augmentation de la part de l'alimentation provenant de l'exploitation. Le lien au sol passera ainsi de 20 à 30 % pour les monogastriques dès 2021 et de 60 à 70 % pour les ruminants deux ans après.

Pour fournir les aliments bio exigés par tous ces élevages, le volume des aliments fabriqués en France a progressé de 15 % l'an dernier pour atteindre 389 230 t, alors qu'il ne représentait que 169 239 t en 2010. A côté des historiques, les fabricants ne veulent pas rater ce qui reste un segment mais constitue bien un relais de croissance. Le grand Ouest, parti plus tard que les régions du sud, progresse ainsi plus vite que la moyenne nationale, avec + 18 % sur ce segment l'an passé.

La première difficulté du bio reste l'approvisionnement en matières premières sécurisées et en volume suffisant. Il manque par exemple encore un approvisionnement toute l'année en son bio français. En monogastrique, cependant, l'éleveur a le droit sur l'ensemble de son année à des matières premières issues d'exploitations en seconde année de conversion, c'est-à-dire à 30 % de la matière sèche de son aliment en C2, ce qui donne un peu de souplesse en volume, mais exige un suivi rigoureux des productions.

Oqualim coordonne, dans le cadre des plans de contrôle mutualisés, un plan spécifique bio qui regroupe 85 % de la production nationale (18 usines engagées). Il suit naturellement tout particulièrement les pesticides, mais aussi les mycotoxines et, en complément du plan dédié, l'absence d'OGM. n

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